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De l’éducation, dans le développement général de la Guinée

mercredi 6 avril 2016, par Abou KATTY

I :/ Introduction

Outil de transformation de la Société, de croissance économique et de développement, l’Éducation doit tenir une place de choix dans toute politique rationnelle de gestion d’un pays. Assertion valable pour tous, mais encore plus pour les Pays Moins Avancés (PMA).
L’histoire politique, sociale et économique de la Guinée, fait de ce pays un cas pour lequel il faut avoir le courage d’analyser l’état réel de l’Éducation sans en rester à ses seuls symptômes, mais poser son vrai diagnostic et proposer des solutions applicables, réalistes et efficaces.
On comprend assez bien la complexité de l’outil Éducation dans la gestion d’un pays. Couvrant tous les domaines, elle est censée donner au Guinéen une formation en rapport avec ses intérêts et ceux du pays tout au long de sa vie.
L’éducation est ainsi un droit inaliénable, elle est naturellement liée à des choix politiques et constitutionnels, voire des choix philosophiques quand l’État doit par exemple se déterminer par rapport à des confessions religieuses. Mais elle dépend surtout des types de développement choisis pour le pays, choix économique et choix social notamment, avec comme corollaire essentiel une volonté politique affirmée de ne pas se limiter au seul souci d’apprendre la population à lire et à écrire. Ceci d’autant plus que l’Éducation est également considérée, comme la mise en œuvre de moyens aptes à assurer la formation et le développement de l’Homme, c’est-à-dire de la société dans laquelle il vit.
Elle doit dès lors être en interaction permanente avec la Formation, s’appuyant sur le triptyque : Éducation – Formation – Emploi, triptyque qui se projette sur un plan de développement du pays démocratiquement établi.
Il faudra dans le même temps favoriser, dans un processus juste et équitable, l’émergence de cadres élites dans tous les secteurs, en accordant une grande priorité aux secteurs scientifiques et technologiques avec en plus une organisation rationnelle de la formation permanente.
Cela suppose des adaptations à chaque période de la vie, pour tirer le meilleur du système éducatif et le plus grand bénéfice pour le Guinéen et sa famille, dans une contribution réelle et efficace au développement socio-économique du pays.
Les domaines spécifiques de la formation professionnelle et technique et de la formation supérieure sont traités ici et quelques idées sont émises sur le cadre et l’environnement requis pour valoriser le système éducatif guinéen.

II :/ Formation professionnelle et technique

Domaine essentiel et fondamental dans tout programme de développement cohérent d’un pays, la formation professionnelle et technique permet de doter celui-ci de techniciens et de cadres intermédiaires, diplômés BTS ou IUT. Elle doit, de ce fait, avoir une place de choix et un poids conséquent en termes de quantité et de qualité pour avoir un impact réel sur le développement général de la Guinée et du Guinéen.
On admettra facilement, que l’objectif primordial pour un pays est d’avoir une bonne autosuffisance alimentaire pour sa population, des services techniques performants, des filles et fils bien formés sur qui il va compter en premier pour son développement.
Pour cela, il est nécessaire de donner la priorité à un bon enseignement théorique et pratique dans les domaines variés de l’Agriculture, de la mécanique, de la maçonnerie, de l’électricité, de la menuiserie, de la chaudronnerie et de différents autres métiers.
Pour le cas spécifique de l’agriculture, domaine vital s’il en est, il est important de noter le phénomène inquiétant de la désertification qui menace nos régions, phénomène qu’il faut freiner par une action forte de reboisement à l’instar de ce qui se pratique à Madagascar par exemple. En plantant à des périodes déterminées, un arbre par personne dans une région et une opération données. En appui l’État pratiquera une politique budgétaire appropriée, en s’impliquant beaucoup plus dans la formation agricole par la création de lycées professionnels adéquats et bien répartis sur tout le pays.
Il faudra notamment intéresser les agriculteurs par une meilleure rétribution de leurs produits, avec une garantie de leur écoulement national et/ou international.
Dans cette politique agricole, comme dans celle des autres branches techniques, une orientation réfléchie devra être pratiquée au niveau de la formation du jeune Guinéen qui a la fâcheuse tendance à s’orienter prioritairement vers le tertiaire. A ce sujet, il est important de revoir la question de la pléthore d’écoles professionnelles privées du tertiaire qui grèvent une bonne part des subventions de l’État à l’enseignement professionnel et technique.
Sur incitation du gouvernement, une solution possible est de transformer une grande partie de ces écoles privées en EST (Écoles Secondaires Techniques) correctement subventionnées et de réhabiliter celles qui existent, avec des spécialisations liées à la structure agricole et économique de la région d’implantation.
On veillera alors à ce que les cursus cadrent bien avec les référentiels de diplômes, établis en fonction des besoins du pays en cadres techniques pour son développement.
Les cursus doivent permettre de former de bons éléments, capables dès leur sortie de se prendre en charge en créant leurs propres PME, PMI. Capables d’embaucher et de participer à la réduction du chômage dans le monde du travail, contribuer aussi au développement économique du pays.
Pour stimuler un tel processus l’État doit instituer des aides juridiques et financières, pour soutenir les jeunes entrepreneurs qui sont finalement de vrais opérateurs et décideurs économiques du pays.
- L’État veillera à ce que les établissements soient bien équipés en matériels et ouvrages didactiques, de façon à renforcer la formation pratique notamment dans les matières scientifiques. Une bonne maîtrise de l’informatique, de la gestion et du droit, doit être assurée pour préparer les élèves et étudiants, futurs demandeurs d’emploi, au montage éventuel de PME et PMI à la fin de leur formation en étant assurés des aides de l’État, comme la garantie auprès des banques classiques et de micro crédits.
Il importe alors que les programmes de formation comportent des cours avec des mises en situation, faites par des décideurs et des politiques, porteurs d’informations de première main sur les axes prioritaires de développement du pays, à court, moyen, et long termes. Cette implication dans les cursus, des patrons de PME et PMI déjà installés, des Hauts cadres des Ministères et des Grands Services de l’Etat, doit être fortement encouragée pour réaliser des travaux pratiques sur des cas concrets. Cela permettrait de combler le déficit du pays en cadres nationaux dans tous les domaines, techniques notamment, des cadres qui auront bénéficié d’aides spécifiques de l’Etat.
Tout devra être couplé avec une judicieuse formation permanente des agriculteurs dans les régions, en impliquant les écoles et Instituts agricoles du pays par les travaux pratiques et/ou la préparation des mémoires de leurs élèves.

III :/ Enseignement supérieur : la recherche pour le développement

Le jeune Guinéen, déjà sensibilisé dans les cycles antérieurs sur l’importance de sa formation et de sa responsabilité dans le futur économique et politique du pays, doit bénéficier d’un environnement correct pour sa formation supérieure et disposer de cadres propices à son épanouissement intellectuel et physique.
Il faudra veiller à ce que les formations dans le supérieur se fassent en adéquation avec la capacité d’absorption du flot de diplômés, par l’économie et le programme de développement du pays.
Les propositions données ci-dessous doivent permettre d’obtenir de bons résultats dans la formation de cadres efficients, pour le développement général du pays surtout si des efforts nécessaires sont fournis pour leur réalisation.
Pour ce niveau de formation, en particulier dans le domaine technique, il ne faudra valider les Institutions privées que sur des critères de sélection très strictes. En s’assurant notamment de leurs capacités d’équipement, d’encadrement et du contenu pédagogique de la formation donnée. Le tout devant être en phase avec la politique nationale de formation des cadres, politique elle-même en phase avec le plan de développement du pays, à court, moyen et long termes.

1 - Une sélection juste et honnête, faite sur la base d’un concours pour le choix des plus aptes à poursuivre des études universitaires plus ou moins longues.
Une bonne adaptation des cursus qui permettent à l’étudiant, à tout moment, d’emprunter des passerelles pour continuer dans une formation mieux adaptée à ses capacités. Il doit pouvoir entrer alternativement dans le circuit du travail et reprendre ses études comme il le souhaite, comme par exemple compléter ou perfectionner sa formation en vue d’une promotion de carrière.
Pour cela un système d’unités de valeurs sera institué, système dans lequel toute valeur acquise devient un crédit que l’étudiant peut compléter à tout moment pour avoir le nombre de crédits nécessaires à l’obtention d’un diplôme donné.
On crée ainsi un processus de va et vient entre les Institutions d’Enseignement supérieur et le secteur professionnel bénéfique à tout point de vue.
On comprend que pour réaliser un tel système de fonctionnement, une concertation soit nécessaire entre l’Etat et les Institutions d’enseignement supérieur, publiques et privées.

2 - Renforcer l’autonomie budgétaire et de gestion des Institutions, avec contrôle à posteriori par les Services compétents de l’État.

3 - Limiter le nombre des universités, notamment privées, au profit des EST (Ecoles Secondaires Techniques) et I.U.T. (Instituts Universitaires de Technologie), à valoriser et classer par objectifs ciblés et par région naturelle, avec des axes de programmes liés à l’économie régionale et au plan national de production et de développement général du pays, à court, long et moyen termes.
*Un de ces Instituts qui pourrait s’appeler « Institut National Supérieur de Linguistique » (INSL), doit occuper une place spéciale dans le programme universitaire guinéen. Son but sera de faire des recherches de haut niveau en collaboration régionale et/ou sous-régionale, pour aboutir à terme à la formalisation d’une langue commune ayant un poids certain et permettant la formulation écrite et parlée de toutes les branches du savoir.

4 -  La qualité et l’utilité de nos EST, IUT et Universités, passeront par la place prépondérante qui sera donnée à la formation scientifique et technique, avec une orientation motivée des élèves et étudiants. Une orientation faite sur la base des besoins définis dans le programme de développement du pays. Un programme discuté à l’Assemblée Nationale par des représentants démocratiquement élus, qui auront pris les avis des experts dans toutes les couches socioprofessionnelles avec au besoin ceux d’experts internationaux pour des questions et des domaines spécifiques.

5 -  Créer une grande bibliothèque centrale nationale dont l’implantation est à déterminer, et dans chaque région une bibliothèque de taille convenable.
Mettre en place, dans les laboratoires universitaires et scolaires, des bibliothèques suffisamment dotées en ouvrages, en moyens télématiques, et en moyens de reproduction avec de bons services de bureautique et un secrétariat de bon niveau. La gestion de telles bibliothèques sera assurée par des bibliothécaires bien formés, compétents et consciencieux.

6 -  Un partenariat État / Entreprises privées est à développer, il permettra aux étudiants et aux employés de s’entrecroiser comme indiqué ci-dessus en (1- :).
C’est l’un des moyens que l’on peut utiliser pour faire participer les Entreprises au financement des Institutions et des écoles professionnelles, au moins pour leur fonctionnement.
Les Entreprises prendront par exemple en charge les temps de perfectionnement, de stage ou de recyclage de leurs employés sur les équipements des Institutions et des écoles d’enseignement supérieur, professionnelles et techniques. Elles paieront également des pécules aux étudiants et aux élèves qu’elles prendront en stage de fin de cycle, financeront leurs études avec contrats d’embauche à l’appui si possible.
Une politique d’équipement et d’utilisation programmés des gros appareils universitaires, doit être établie pour assurer leur rentabilité, en les impliquant dans la recherche fondamentale et appliquée pour le développement du pays. Il est alors nécessaire d’établir un roulement d’utilisation des équipements entre les Institutions du public et du privé, de façon à maximaliser leur rendement.

7 -  Généraliser dans les cursus, l’enseignement de l’informatique, de l’économie, de la gestion et du droit, pour permettre à l’étudiant d’être immédiatement opérationnel sur le marché du travail, avec création éventuelle de PME et PMI, création appuyée par l’État et les banques, comme indiqué plus haut.

8 -  Encourager et faciliter l’édition d’ouvrages, aider à leur diffusion avec des coûts abordables. Faire participer nos Institutions d’enseignement supérieur au stockage de notre patrimoine culturel, en se rapprochant de nos vieux, nos sages et nos griots pour des thèses, des mémoires et des publications, des voyages d’études sur le terrain avec le concours éventuel de professeurs en année sabbatique, etc...
L’écriture de l’histoire de nos populations et de nos contes populaires sera renforcée aussi en adoptant rigoureusement la démarche scientifique dans cette écriture. Il faudra également, impulser l’enseignement et la recherche en lettres, en histoire et en géographie, renforcer l’Association inter-africaine des chercheurs dans ces matières, comme dans les matières scientifiques, pour l’écriture d’une histoire juste de nos pays, régions et sous régions, voire de l’Afrique.

9 -  Faire participer les PME et PMI du pays, en concertation avec le corps enseignant, à la conception et la fabrication de matériels didactiques avec nos matériaux locaux.

10 - Créer ou perfectionner le Centre National des Œuvres Universitaires avec des antennes régionales.

11 - Tenir régulièrement, au moins une fois par an, des conférences nationales de recteurs ou directeurs d’Institutions d’enseignement supérieur, des rencontres de professeurs de même discipline à caractère pédagogique pour améliorer l’enseignement de la discipline considérée.

12 - Veiller à l’établissement d’accords entre les États pour les équivalences de diplômes.

13 -  L’université guinéenne est une des rares universités en Afrique où plusieurs langues étrangères sont parlées et écrites, comme le chinois, le japonais, et d’autres langues des pays de l’Est. Ceci est un gros atout qui doit être bien exploité, notamment en matière de recherche et de publications, ce qui rehausserait notablement la notoriété de l’enseignement supérieur du pays.

14- Dans le cadre de la coopération Nord / Sud en matière de formation des étudiants, il faut faire en sorte qu’il y ait un suivi technologique des thésards, consistant à les faire revenir au pays avec les montages qu’ils auront utilisés pendant leurs thèses à l’étranger.
Cela suppose que les sujets aient été choisis dans des créneaux tels, que les résultats obtenus intéressent le plan national de développement du pays. Il faudra alors bien prospecter dans les pays en collaboration, pour dénicher des centres dont les thèmes de recherche se rapprochent suffisamment de ce plan de développement. Négocier ensuite les prises en charge des étudiants, en mettant le prix pour que les équipements qui leur serviront pour faire leurs thèses deviennent propriétés de l’État guinéen et reviennent avec eux à leur retour au pays, après leurs soutenances. On négociera également la mise en place de missions des patrons de thèses, qui viendront au moins une à deux fois par an superviser sur le terrain, l’état d’avancement des travaux de leurs étudiants et éventuellement donner des conférences et/ou des cours.
Un intérêt non négligeable de cette procédure d’acquisition d’appareillages, est qu’avec une moyenne de trois à quatre thèses de ce type par an, on accroîtrait très sensiblement l’équipement du pays.
On perçoit l’investissement que tout cela implique, mais il s’agit bien d’un investissement qui n’est pas à fonds perdus.
Le pays doit mener une politique active de collaboration régionale en matière de recherche fondamentale et appliquée, axée sur une répartition interrégionale des domaines où les efforts seront à conjuguer et les résultats à partager, dans un but de développement d’ensembles régionaux respectables et ayant un poids certain au plan géopolitique.
Toute recherche digne de ce nom, suppose des services généraux fonctionnels avec des magasins spécialisés et des services techniques (froid, soufflage de verre, électronique, mécanique etc…) qu’il faut mettre en place.

15 -  Pour notre pays la recherche, tout en restant un outil de formation, doit être avant tout un outil de développement. A ce titre, son impact doit se faire sentir dans les domaines agricole et énergétique avec un intérêt particulier pour le domaine des énergies renouvelables.
En corollaire, l’agriculture doit être considérée comme prioritaire dans tous les choix économiques du pays par la mise à son service de tous les autres produits, notamment les produits miniers.
De plus l’écoulement des produits agricoles, suppose un bon état des routes qui doivent être en nombre suffisant avec une bonne couverture de tout le pays. Des prix corrects et encourageants pour les agriculteurs, doivent être établis et strictement contrôlés par l’État.

16 -  Utiliser des « Bibliobus » sur tout le territoire ainsi que les médias d’État et des privés (radio et télé), pour faciliter la culture de la population. Le système de cours d’adultes et de cours du soir pour les travailleurs est à organiser et à amplifier, dans une sorte de formation et de culture permanentes.

17 -  Il existe à l’extérieur du pays, un important réservoir de compétences dans tous les domaines, des compétences qu’il faut fortement impliquer dans le système éducatif, dans la gestion, bref dans tous les domaines de développement. A cet effet, le TOKTEN a été un outil efficace dans cette implication des compétences, sa reprise ou son remplacement par un système équivalent serait très bénéfique.

IV :/ Environnement et cadre du système éducatif

Un effort particulier est à faire pour que le maximum de collégiens soit dans des internats, les étudiants en résidences universitaires. Des établissements privés, crées et bien encadrés sur des dossiers bien ficelés et correctement étudiés, aideront l’État à accroître le nombre des internes, facilitant ainsi grandement leur encadrement pédagogique.
Une politique d’octroi de bourses en fonction du pouvoir économique des familles et du dossier des élèves et étudiants, permettra une équité dans la formation et dans l’utilisation du budget de l’Etat au profit de tous.
Les programmes comprendront un volet bien structuré, d’éducation civique, de consolidation de l’esprit d’ouverture aux autres, de la notion d’État et de Nation, de la sauvegarde et de la bonne utilisation des biens de la Nation au profit de tous.
Une pratique saine et cohérente des disciplines sportives sera faite, ainsi qu’une formation aux activités musicales et théâtrales. Ces disciplines sont alors considérées comme des voies possibles de réalisation de l’élève dans sa vie et il doit pouvoir en faire des voies d’accès à un métier. Ceci suppose une politique vigoureuse d’équipement dans les domaines du sport, du théâtre et de la musique.
Il est bon également de pratiquer une politique de repérage d’éléments, susceptibles de rehausser tôt ou tard les différentes équipes nationales, sportives ou théâtrales. Ce repérage sera d’autant plus facile, que l’on aura su organiser au niveau régional, national voire international, des compétitions dans ces différentes disciplines sportives, musicales et théâtrales. La condition essentielle pour qu’un tel schéma soit acceptable pour l’enfant, pour sa famille et pour la Nation, sera d’éviter les précipitations et les incohérences dans les décisions de recrutement des jeunes. Il faudra pour le jeune Guinéen ici aussi, un programme bien établi d’accompagnement pour le préparer à sa future carrière (sport études avec apprentissage d’un métier en parallèle dans une formation technique secondaire ou supérieure, selon les résultats et les capacités de l’élève).
Nombreux problèmes cruciaux se posent de façon très aiguës à nos élèves et étudiants, ce sont entre autres ceux de logement, de transport et de subsistance. Il appartient à l’État en premier de les résoudre, tout en impliquant et incitant fortement les entrepreneurs à construire des logements sociaux à prix abordables, alors que la population elle pourra héberger élèves et étudiants avec une caution et un contrôle sérieux de l’État.

V :/ Conclusion

Notre politique éducative se doit de prendre en compte, le fait que seuls les grands ensembles sont économiquement viables et sont à même de développer un enseignement universitaire compétitif, avec un réel impact sur le développement. Pris sous cet angle nos petits pays de la sous région, ont grand intérêt à fédérer leur enseignement supérieur et leur recherche. De ce point de vue, toute politique d’Éducation se doit de prendre en compte ce facteur et faire une projection sur le futur en pariant sur une réelle intégration régionale dans ce domaine. Il est important également de donner la primauté à la formation scientifique et technologique de nos jeunes dans tous les domaines du savoir, surtout dans ceux à impact direct sur les outils du développement et permettant une bonne mise en valeur des ressources du pays au bénéfice de tous, avec l’agriculture comme pièce maîtresse (voir chapitre enseignement supérieur et recherche scientifique).
Parler de développement, revient à parler de choix et de références. Mais par rapport à quoi peut-on dire que l’on est développé ? Dans quels référentiels ? Poser ces questions revient à soulever un problème de société, un problème de choix consensuel, bref un problème politique.
Si ce choix consensuel est absent ou s’il est dévié, faussé, on aboutit généralement à un dysfonctionnement sociopolitique, voire à une dictature.
Le développement doit être de tous ordres : politique, économique, social, culturel, scientifique, etc…
Pour le développement politique par exemple, l’Éducation et la Formation sont essentielles pour permettre à la population des choix raisonnés. En effet l’analphabétisme la prédispose à des manipulations, surtout quand les sources d’information sont monopolisées, orientées et non contradictoires. Un développement de l’alphabétisation, ainsi qu’une libéralisation des ondes radio et télé, sont des moyens efficaces pour traiter cette question.
Pour tout autre type de développement (économique, agricole, industriel, etc…), il est impératif d’asseoir une politique scientifique et technologique correcte.
Une bonne politique sous-entend une bonne éducation, une bonne formation, ainsi qu’une bonne gestion de l’Économie et du Potentiel Humain, clefs d’un développement maîtrisé pour le pays, c’est-à-dire celui du Guinéen dans tous les domaines, avec un enrichissement et un épanouissement certains pour tous.
Dans ces conditions on a l’assurance d’avoir une Société apaisée, confiante dans son avenir, dans la qualité de l’éducation et de la formation professionnelles données à ses enfants, avec un bannissement du nivellement par le bas de bien triste mémoire, un refus de tout favoritisme politique, ethnique ou corporatiste, de toute primauté de l’argent particulièrement dans le système éducatif.
Il faut aussi avoir à l’esprit que contrairement aux allégations, souvent affirmées dans des réunions de politique de coopération, les pays en voie de développement ont un grand besoin de formation dans le supérieur, particulièrement en sciences et technologie.
Pour un pays comme la Guinée, où tant de choses sont à faire ou à améliorer, tant de retard à rattraper, les besoins en main d’œuvre ne sont modérés que parce que son économie est moribonde et que la formation professionnelle de ses enfants est insuffisante en quantité et en qualité.
Inverser une telle situation doit être l’un des principaux objectifs de l’État. Une chance pour y parvenir sera d’appliquer au mieux, les propositions formulées plus haut en usant d’une réelle volonté politique et d’une bonne corrélation entre les différents Ministères et Services en charge de l’Éducation.
Pour finir nous plaiderons pour une utilisation en synergie, des formidables ressources humaines de l’intérieur et de l’extérieur du pays, en vue d’une exploitation utile de ses immenses potentialités pour que vive la Guinée.

Abou KATTY

Président ACTOG
Saint Michel 5 juillet 2015